MINE
Lualaba : Kisenge Manganèse et Taurian, une joint-venture sur fonds des polémiques
Les premiers pas du mariage entre Kisenge Manganèse et Taurian sont chargés des tensions et des polémiques. En pleine éclosion, la joint-venture est la cible de la gloire de boue. Entre des mouvements de soulèvement, des pressions des acteurs politiques, l’affaire de Kisenge a pris une tournure assez inquiétante. Dans ce climat où méfiance et médisance s’allient, le réveil du géant minier prends du plomb dans l’aile.
Entre le nouveau comité de gestion, dirigé par Yannick Sosongo et les employés, une véritable tour Babel s’est installée. Politiciens à la quête du suffrage et de l’électorat, membres de la société civile, employés frustrés, chacun joue un rôle précieux d’architecte dans la construction de cette tour de la discorde. Le feu est attisé, chacun y apporte son morceau de bois pour qu’il brûle plus haut. Soupçons de corruption, de détournements, attaque envers les partenaires de Kisenge Manganèse, non-paiement, nous vous guidons au cœur d’une situation sociale tendue.
L’autopsie d’une institution en agonie
« Kisenge Manganèse est une société, dans le temps, c’était parmi les grandes sociétés qui contribuaient au budget de l’État. Suite à la guerre en Angola, l’unique voie d’évacuation des produits, il y a eu fermeture des frontières. En 1978, Kisenge Manganèse a arrêté la production suite à cette guerre. Et en 1980, elle a fermé. De 80 à 2017, Kisenge n’exportait suite à la fermeture des frontières avec pour conséquence, la chute de la société. En 2017, un partenaire est venu pour essayer de rouvrir le corridor de Banguela. Ce qui a permis d’oxygéner un peu la société », a dit le Directeur Général dans un entretien avec Sans Frontières Médias.
Hériter de la gestion de Kisenge, c’est aussi accepter un passif lourd. En août 2023, Yannick Sosongo hérite d’une institution dans un état proche de la faillite, une comptabilité criblée des dettes. « Sur le plan financier, j’ai trouvé une dette au-delà de 87 millions de dollars. Les 3 plus grandes : la dette due au personnel actif tout comme non actifs évaluée à 36 millions de dollars, la seconde celle de la SNEL et la troisième fiscale et parafiscale », a dit le Directeur Général.
Kisenge Manganèse demande plus de fonds pour sa relance. Les années d’inactivité ont eu raison sur l’outil de production. « C’est depuis 1980 que Kisenge a arrêté la production. L’outil de production est inexistant. Il n’y a que des mitrailles. Toutes les 3 mines que disposent la société sont inondées », a déclaré le DG. Dans ce climat moins assaini pour le cadre des affaires, Kisenge a eu toutes les peines du monde pour sortir de son coma. En 2017, Tareli est venu apporter de l’oxygène à la Minière de Kisenge Manganèse. Le contrat portait sur l’achat des 220 000 tonnes de stock de Manganèse.
« En 2018, ils ont commencé l’exportation. Jusqu’à aujourd’hui, c’est pratiquement 130.000 tonnes évacuées. Kisenge, sur le plan géographique est situé très loin du par rapport aux ports d’évacuation. Il y a deux ports d’évacuation. Tous deux sont en Angola, le pays proche de Kisenge. Le deuxième problème, le Manganèse nous nageons toujours entre 40 et 60 dollars la tonne. La marge de bénéfice est vraiment petite voire inexistante. Même les partenaires commerciaux intéressés par l’achat du Manganèse ne préfèrent pas acheter notre Manganèse, il coûte trop cher. Le Tanzanien a pris le risque, il a exporté 130.000 tonnes qui ont servie, à l’époque, jusqu’à mon arrivée. Depuis que je suis là, je n’ai pas encore vendu même un Kilo », dit-il.
La quête effrénée des partenaires pour la relance des activités
À sa nomination le 28 août 2023, le nouveau comité de gestion LA SOCIÉTÉ COMMERCIALE LA MINIÈRE DE KISENGE MANGANESE s’est trouvé un partenaire, Taurian, Les deux parties ont signé un accord de joint-venture. La Minière de Kisenge Manganèse, propriétaire du permis d’exploitation 32, détient 35% du capital contre 75% pour le nouveau partenaire. « Avec Taurian, nous avons signé un accord de joint-venture. C’est un partenariat dans lequel les deux sociétés se mettent ensemble pour créer une nouvelle société qui va présider à la destinée de nos sociétés. Les parts de Kisenge sont constituées des mines, des stocks de manganèse non lavés. Avec nos partenaires, nous avons un programme de vivifier notre 3 mines inondées actuellement et permettre aussi de donner de l’emploi aux enfants de Kisenge ».
La présence de Taurian a soulevé un vent des rumeurs. Le Directeur Général a apporté des précisions sur le montant de 10 Millions de $ à la base de plusieurs émissions tournées et pour lesquels il est accusé de détournement présumé. « Taurian n’a pas donné ce montant là (ndlr : 10 Millions de dollars). Ce montant sera donné progressivement. Il y a un chronogramme bien précis. Et puis, chaque montant a un libellé. On ne le donne pas par pure générosité. C’est un montant qui doit servir à faire quelque chose », a dit le DG.
Dans le contrat, le pas-de-porte est évalué à 3 Millions de dollars américains. « Le pas-de-porte est bien repris dans le code minier. Il est évalué à 1% du gisement. Le gisement, c’est la quantité de minerais dans le sol. Et comment on arrive à quantifier ces minerais, c’est par les études de prospection. Ce pas-de-porte n’est pas donné au hasard. Il est donné dans 2 conditions. Si l’État congolais a mis des moyens pour réaliser ces études afin de définir ce gisement économiquement rentable, l’État Congolais a le plein droit de réclamer le pas-de-porte évalué à 1%. Deuxièmement, si la société appartenant à l’État a mis des moyens pour ces études et a trouvé un gisement économiquement rentable, cette société a le droit de réclamer le pas-de-porte évalué à 1%. Or, à ce que je sache, on n'a pas fait des études au niveau du PE 32 pour quantifier le gisement. Nous avons fait une étude de préfaisabilité qui n’a pas été certifié et même s’il est certifié, elle devra être complétée ».
Redaction